Le portail se referma derrière eux dans un claquement sec.
Silence.
Devant eux s'étendait le c?ur du Sanctuaire d’Argelin, un ancien temple-prison bati pour contenir les sorciers bannis du Néant. Le sol était craquelé, l’air saturé d’une magie pesante. Chaque respiration semblait tirer quelque chose hors de leur poitrine.
— Il est là, souffla Rehn, ses yeux balayant les ténèbres mouvantes. Il nous attend.
— Non, corrigea Kiro. Il m’attend moi.
Radis murmura dans son esprit :
“Tu es sa clé. Il a besoin de toi pour ouvrir ce qu’il n’a jamais su refermer.”
Ils avancèrent lentement dans la grande nef du sanctuaire. Les piliers portaient encore les marques de scellés anciens, craqués, br?lés. Quelqu’un les avait brisés… de l’intérieur.
Un cercle magique pulsait à l’autre bout de la salle.
Et au centre… Kaarn.
Il levait lentement la tête vers eux, comme s’il avait dormi depuis des siècles.
— Radis… enfin.
Sa voix n’était pas humaine. Elle vibrait à travers la pierre et l’air, comme une note dissonante de réalité brisée.
— Tu n’es plus qu’un souvenir accroché à un enfant, poursuivit Kaarn. Mais même ?a… suffit à troubler l’équilibre.
Kiro s’avan?a, les poings serrés.
— Je ne suis pas qu’un réceptacle. Je suis moi. Et si tu crois pouvoir me posséder, t’as mal choisi ton siècle.
Kaarn rit. Une vibration froide et métallique.
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— Tu ne comprends pas encore, petit. Tu es déjà à moi.
Il leva les bras, et l’enfer se décha?na.
Un mur d’ombres fusa depuis le cercle, fondant sur eux comme une marée noire. Orys réagit immédiatement, élevant un d?me protecteur autour du groupe.
— Séparez-vous ! Formation d’encerclement ! Rehn, dispersion magique ! Lyssia, sur la droite !
Les membres de l’unité Obsidienne se déployèrent en synchronisation parfaite.
Rehn claqua des doigts, faisant exploser les glyphes flottants autour de Kaarn. Lyssia fon?a dans son dos, lame dégainée, visant l’arrière de son crane.
Mais Kaarn… disparut.
Un battement de c?ur plus tard, il était derrière Rehn, lui enfon?ant une main dans la poitrine. Une ombre hurlante en surgit.
— Tu crois pouvoir me prendre de vitesse ? gronda-t-il.
Mais Rehn sourit.
— J’te regardais pas. Je t’occupais.
Une explosion résonna. Lyssia avait déclenché un sort de confinement.
Kaarn fut enfermé dans un prisme de cristal noir, mais il explosa en mille éclats après seulement deux secondes.
— Bien essayé, enfants. Mais j’ai été formé par Radis lui-même… avant sa trahison.
Kiro sentit le monde se tordre.
Le sol disparut sous ses pieds. Il chutait dans un vide noir. Radis surgit dans son esprit, paniqué.
— Il t’a isolé ! Il te tire dans le plan du Néant !
— Alors j’irai l’y chercher.
Il frappa le sol de toutes ses forces mentales.
Et le monde explosa.
Ils se retrouvèrent face à face, dans un monde sans lumière ni sol.
Rien qu’eux deux.
Kaarn et Kiro.
— Tu crois être fort, murmura Kaarn. Mais ce que tu portes en toi… c’est une malédiction.
Kiro grima?a, levant les bras. La magie afflua. Pas celle de Radis. La sienne.
Une flamme blanche.
— Alors laisse-moi te montrer ma malédiction !
Il projeta une vague d’énergie pure, qui percuta Kaarn de plein fouet.
L’ancien sorcier recula, choqué.
— …Tu fusionnes déjà avec lui ? Impossible…
Kiro ne répondit pas. Il frappa encore. Et encore. Chaque sort, chaque éclat, était plus fort. Pas parfait. Mais vivant.
Kaarn hurla. Il étendit ses bras. Le Néant se referma sur Kiro, tentant de l’écraser.
Et c’est là que Radis intervint.
— Tu n’es pas seul.
Une rune ancestrale jaillit sous Kiro. Un cercle triple, aussi ancien que la création. Radis y déversa un fragment de son essence.
Kiro hurla.
Et libéra tout.
Un pilier de lumière transper?a Kaarn de part en part.
Le Néant… se brisa.
Kiro rouvrit les yeux au centre du sanctuaire. Kaarn gisait au sol, tremblant, à moitié consumé.
Orys, Lyssia, et Rehn étaient là.
Vivants.
— Tu l’as eu, murmura Rehn.
Kiro s’effondra à genoux, à bout de souffle.
Mais il souriait.
Il l’avait fait.
Pas en tant que réceptacle.
En tant que Kiro.
Fin du Chapitre 12.